Le buste d’un inconnu originaire d’Afrique australe, découvert en 1995 dans les réserves des collections anthropologiques de l’Université de Genève (UNIGE) a eu droit à une sépulture décente, mardi 3 décembre.
Après plusieurs années de recherche, et d‘un minutieux travail d’investigation l’UNIGE n’a pu identifier la victime, de façon précise, son lieu de naissance, la date de sa décapitation – probablement au XIXe siècle, ainsi que son pays d’origine, en vue d’une restitution. Le Rectorat a donc choisi de lui assurer une sépulture digne. La cérémonie d’hommage a eu lieu au cimetière de Saint-Georges de Genève.
La décision du Rectorat était nécessaire pour permettre son inhumation dans le carré « des inconnus» du cimetière. Une plaque commémorative, portant la mention « A la personne inconnue originaire d’Afrique australe, décédée sur le continent africain, probablement au XIXe siècle, et autrefois conservée à l’Université de Genève » a été apposée sur la tombe.
ORIGINE KHOISANE
Cette tête inconnue est arrivée certainement, il y a plus d’un siècle à l’UNIGE. Suite à sa découverte accidentelle dans les réserves du Département d’anthropologie en 1995, une enquête approfondie a été menée pour en déterminer la provenance. Une datation au carbone 14 donne un résultat imprécis à cause d’une courbe de calibration trop «large» pour la période envisagée. «Elle permet néanmoins d’affirmer que le décès a eu lieu après 1666 et avant 1950, avec une probabilité maximale au XVIIIe ou XIXe siècle, le XIXe siècle étant toutefois le plus probable d’après le contexte historique», a estimé le Pr Eric Huysecom, de l’Unité d’anthropologie de la Faculté des sciences de l’UNIGE.
La coiffure comme le type physique de la victime évoquent une origine khoïsane, dont la culture regroupe aussi bien les chasseurs-cueilleurs San (autrefois appelés Bochimans) que les pasteurs Khoïkhoï (Hottentots), présents en Afrique du Sud, au Botswana, en Namibie et même en Angola. Ces indices n’offrent toutefois pas de certitude du point de vue scientifique. L’analyse ADN n’a apporté aucune précision supplémentaire, ni permis le rattachement à un groupe ethnique.
IC