Le Président Macky Sall du Sénégal a reporté sine die, hier samedi 3 février 2024, l’élection présidentielle, prévue le 25 février dans le pays, à la demande du Parlement.
La cause est une polémique entre cette Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel au sujet d’une affaire de corruption présumée de magistrats, après le rejet d’une candidature controversée à la présidentielle. Le Conseil constitutionnel est un organe judiciaire de sept membres appelés les aussi les « sept sages ». Il est chargé de veiller à la conformité à la Constitution, des lois et règlements dont il est saisi. II veille également à la régularité des élections nationales (présidentielle, législatives, et locales), ainsi que des référendums sur les changements dans la Constitution.
Dans une brève adresse radio-télévisé à la nation, il a déclaré avoir signé peu auparavant, un décret abrogeant celui du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour le scrutin du 25 février. Une nouvelle date sera fixée, de concert avec l’Assemblée nationale, qui l’avait saisi d’une proposition de report, à la demande de l’une de ses composantes, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
Ancienne formation politique au pouvoir de 2000 à 2012, ce parti s’est senti lésé dans le choix des candidats à l’élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel a rejeté le dossier de ce candidat, M. Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, pour cause de double nationalité franco-sénégalaise.
« FAROUCHE OPPOSANT»
La loi sénégalaise dispose que tout candidat à l’élection présidentielle doit être «exclusivement de nationalité sénégalaise». M. Wade, né de mère française a acquis cette nationalité, mais en a renoncé. Les juges du Conseil constitutionnels ont estimé qu’au moment du dépôt de son dossier, cette renonciation n’était encore définitive, sur la base des documents dont il disposait.
Le PDS et son candidat contestent la décision du Conseil constitutionnel, dénonçant un conflit d’intérêt et une corruption au sein du Conseil constitutionnel pour écarter M. Wade.
Selon le PDS, le conflit d’intérêt tient au fait que l’un des membres du Conseil est frère du ministre secrétaire général du gouvernement, qui était « l’un des farouches opposants de M. Karim Wade », du temps où son père était au pouvoir. Au milieu des années 2000, il avait consacré un livre à la mal gouvernance du Président Abdoulaye Wade. Il avait été condamné plusieurs fois par la justice pour diffamation lors de procès avec d’anciennes personnalités du régime de Wade.
Pays de longue tradition démocratique, le Sénégal n’avait jamais connu jusqu’ici, de report d’une élection présidentielle, depuis son indépendance en 1960.
IC