Mauritanie : Rencontre avec « le Colonel Vert et Féministe »

Le Colonel à la retraite El Boukhary Mohamed Mouemel surnommé « le Colonel Vert » ou « le Colonel Féministe » .

Pour certains, c’est « le Colonel  Vert », à cause de son engagement dévoué à la protection de l’environnement. Pour d’autres, c’est le « Colonel Féministe », grand défenseur des causes de la Femme.

A la retraite depuis le 31 décembre 2015, le Colonel El Boukhary Mohamed Mouemel est un homme pittoresque, chaleureux, spontané et vigoureux. Il ne laisse pas indifférent. A Nouakchott, la capitale mauritanienne, sa ville, il est très sollicité. Sa présence à un colloque, à un séminaire, à un forum est toujours recherchée.

« J’ai intégré l’armée en 1981. J’ai donc trainé ma bosse un peu partout dans ses différents services : à l’Etat-major, à la Présidence de la république, dans les représentations diplomatiques, puisque mon dernier poste était celui d’Attaché de Défense à l’Ambassade de Mauritanie à Pékin, en Chine. Maintenant, je travaille pour moi-même, dans des activités qui me font plaisir, et j’y trouve du goût! », a-t-il dit, joyeux, à l’envoyé spécial de reflets suisse-afrique.

En fait, les activités dont il parle sont dans l’air du temps : la lutte pour la protection de l’environnement et la promotion du droit des femmes. « Depuis que j’ai eu mon master en science administrative et stratégique, j’avais commencé à réfléchir sur les questions politiques et géostratégiques pendant que j’étais encore dans l’armée », a-t-il rappelé.  Et de poursuivre : « J’ai continué à m’intéresser à ce domaine, à ma retraite. Puisque, depuis cette retraite, je ne suis plus soumis, comme auparavant, à l’obligation de réserve des militaires et hauts fonctionnaires de l’Etat, et j’ai la possibilité de rencontrer et d’accéder à tout le monde. J’ai, ainsi découvert que les questions de sécurité sont holistiques. Elles touchent à tout, et tout est lié. Il y a des domaines qui m’ont particulièrement intéressé : l’environnement, les droits de femmes ».

Selon lui, « on a tendance à réduire l’environnement au vocal de réchauffement climatique, qui n’est d’ailleurs qu’un aspect de la question. Il a des impacts sur la sécurité, un point important. « Il y a un débat, à savoir si le réchauffement climatique est un risque ou une menace. C’est un faux débat. Car, le réchauffement climatique est là. Il impacte négativement sur notre sécurité, et peu importe le qualificatif qu’on lui attribue ».

CAUSES DES FEMMES

Le second point important qui lui tient à cœur est celui des femmes. « Dans nos pays sahéliens et en Afrique, a-t-il fait observer, elles sont en première ligne sur les questions de sécurité, puisqu’elles sont d’abord les premières victimes, en cas de crises. Ensuite, elles sont actrices de paix. Elles sont, enfin, résilientes ». Comme pour être plus précis, il a ajouté: « ce sont elles qui traitent ou éduquent à la paix dans les familles. Elles peuvent jouer le rôle de médiatrice de paix ». « J’en sais quelque chose, puisque j’ai travaillé avec la coordinatrice régionale des femmes du G5 Sahel », a-t-il relevé.

« Malheureusement, a-t-il déploré, dans nos sociétés, les femmes sont sous-estimée. Elles représentent pourtant la majorité de nos populations. Elle ne sont pas bien prise en compte dans les politiques d’emploi ou de formation à l’emploi ». Pour lui, les formations proposées aux femmes sont souvent marginales : le tissage, la coiffure, la couture, entre autres. «J’appelle cela des métiers dégradants». Ce qu’il propose: « offrir aux filles des formations qui ont la même valeur que celles des hommes ».

IC