La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques (IPBES) s’est émue mardi 6 mai, du « déclin dangereux » de la nature, marqué par un « taux d’accélération sans précédent » de la perte des espèces végétales et animalières.
Basée à Bonn, en Allemagne, l’IPBES est l’organe intergouvernemental, chargé d’évaluer l’état de la biodiversité et des services d’éco-systémiques dans le monde. Elle fournit cette évaluation à la société, en réponse aux demandes des décideurs. Elle a publié une déclaration, à l’occasion de parution à Paris, d’un nouveau rapport global historique sur la biodiversité et des services éco-systémiques, destiné aux autorités gouvernementales de la planète. C’est le document le plus complet jamais réalisé sur ces sujets. Il s’appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire, réalisée en 2005, et propose des méthodes novatrices d’évaluation des preuves.
Le rapport a été compilé par 145 experts de 50 pays, à l’issue de de trois années de travaux. Il comporte aussi la contribution de 310 auteurs, évalue les changements survenus au cours des cinq dernières décennies, et fournit une image complète de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature. Il propose également une gamme de scénarios possibles pour les décennies à venir.
ACCELERATION
Dans sa déclaration, l’IPBES a averti que la nature recule « globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité ». A cette situation, s’ajoute une accélération du taux d’extinction d’espèces, entraînant de « graves conséquences » pour les populations.
Selon la plateforme, environ un million d’espèces animales et végétales sont maintenant menacées de disparition. Beaucoup d’entre elles le seront dans « quelques décennies », plus que jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité. « L’abondance moyenne des espèces indigènes dans la plupart des principaux habitats terrestres a diminué d’au moins 20%, principalement depuis 1900 », a-t-elle poursuivi.
« PREUVES ACCABLANTES »
« Plus de 40% des espèces d’amphibiens, près de 33% des coraux en reconstitution et plus du tiers de tous les mammifères marins sont menacés », a encore souligné l’IPBES. Elle a estimé que la situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles confirment une évaluation provisoire de 10% des menaces. Au moins 680 espèces de vertébrés avaient disparu depuis le XVIe siècle et plus de 9% de toutes les races de mammifères domestiquées utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et au moins 1’000 autres races étaient toujours menacées, a encore rappelé l’organisation.
Pour Sir Robert Watson, président de l’IPBES, «les preuves accablantes de l’évaluation globale de l’IPBES, issues d’un large éventail de domaines de connaissances, donnent une image inquiétante». «La santé des écosystèmes dont nous et toutes les autres espèces dépendons se détériore plus rapidement que jamais. Nous érodons les fondements mêmes de nos économies, de nos moyens de subsistance, de la sécurité alimentaire, de la santé et de la qualité de la vie dans le monde ».
Ibc