COOP28 : Le « Colonel Vert » de Mauritanie lance un cri de coeur en faveur de l’environnement

Le Colonel "Vert" El Boukhary Mohamed Mouemel, lors d'une intervention à Nouakchott le 20 novembre 2023. Photo; IC

Surnommé « le Colonel Vert », le Colonel mauritanien à la retraite El Boukhary Mohamed Mouemel, a lancé un cri de cœur en faveur de l’environnement, soulignant qu’il y a « un faux débat » autour du changement climatique.

Depuis sa retraite en décembre 2015, l’ancien Officier supérieur de l’armée mauritanienne s’investie de la protection et le plaidoyer en faveur de l’environnement et du droit des femmes.

Dans une interview à Reflets suisse-afrique, il a souligné que deux camps s’affrontent sur la question du changement climatique. « Il y a ceux qui disent et admettent que le réchauffement climatique est un risque, et d’autres (pessimistes) qui s’interrogent encore s’il est réellement une menace ?  C’est un faux débat, car, le phénomène est là. Il impacte déjà négativement sur notre sécurité, peu importe le qualificatif qu’on lui attribue », a-t-il dit. Il a cité en exemple le cas du Fleuve Sénégal, commun à quatre pays francophones voisins : sa Mauritanie natale, le Sénégal, le Mali, et la Guinée. Ce Fleuve est la première ressource d’eau permanente de la Mauritanie. « Entre 1959 et 2013, son débit à la station de Bakel, au nord-est du Sénégal, a baissé de moitié, passant de 1’200 m3/seconde à 600 m3/seconde. C’est un cas assez édifiant », a-t-il dit.  Il en a déduit que « si on fait la projection pour les 50 prochaines années, et qu’on continue sur la même lancée, il n’y aura plus de Fleuve Sénégal, puisqu’il disparaitra. « Nos petits-enfants ne connaitront pas de Fleuve Sénégal. Ce risque n’est pas propre à notre sous-région », a-t-il fait remarquer.

Pour le Colonel Mouenel, le problème de l’eau consécutif au réchauffement climatique est international. Il se pose partout. Les ressources et potentiels en eau qui existent sont en raréfaction. Ce qui engendre des crises géopolitiques, telle que celle autour du Nil, qui oppose l’Ethiopie à l’Egypte, d’un côté, et l’Ethiopie au Soudan, de l’autre. « Le Fleuve Sénégal et le Nil sont deux exemples concrets des conséquences du réchauffement climatique ».

« Une autre conséquence du changement climatique, a-t-il poursuivi, c’est la désertification. Le désert avance, avance, alors que d’un autre côté, la mer avance ». Certaines régions du Sénégal et de la Mauritanie sont menacées par l’avancée de la mer. « Réchauffement climatique, oui, mais désertification aussi, provoquée par nous-mêmes, par la dégradation de la nature que nous causons, par la coupe des arbres, etc… Tout cela conduit à l’appauvrissement des terres et des sols, ainsi qu’à l’insécurité », a enfin lancé « le Colonel vert ».

IC