Des agences humanitaires de l’ONU et des Organisations non gouvernementales (ONG) ont tiré, une nouvelle fois, la sonnette d’alarme face à la crise alimentaire qui « s’aggrave rapidement » au Sahel.
Plus de trente millions de personnes dont la plupart sont des femmes et des enfants, vivants de la sous-région ont besoin d’une assistance et d’une protection vitales en 2022, soit une augmentation de près de deux millions par rapport à 2021, ont-elles averti dans un communiqué.
En juin, seuls 15 % des 3,8 milliards de Dollars nécessaires ont été reçus pour soutenir les plans de réponse humanitaire 2022 pour le Burkina Faso, le nord du Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger et le nord-est du Nigeria. Face à cette situation, les responsables du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA), de l’UNICEF, du Programme alimentaire mondial (PAM), du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), du Comité international de secours (IRC), et Action contre la Faim (ACF), pour l’Afrique occidentale et centrale ont lancé un appel à une « action immédiate ».
Dans leur communiqué intitulé : « Aperçu des besoins humanitaires et des fonds requis pour le Sahel en 2022 », ils ont relevé que le manque de financement était « l’un des principaux obstacles » à la fourniture d’une aide efficace.
DEFI PERMANENT
« Sans ressources suffisantes, la crise va encore s’aggraver, érodant la résilience des communautés et mettant en danger les enfants, les femmes et les hommes », a ainsi prévenu M. Charles Bernimolin, chef du Bureau OCHA en Afrique de l’ouest et du centre.
Pour sa collègue de l’UNICEF, Mme Marie-Pierre Poirier, les conséquences de la catastrophe humanitaire sont lourdes pour les enfants, puisqu’en période de conflit, la violence porte atteinte aux systèmes éducatifs et entraîne le déplacement des populations. Environ 7’900 écoles sont fermées au Sahel, en raison de la violence, soit une augmentation de 56 % depuis 2021 », a-t-elle dit.
De son côté, Mme Maureen Magee, Directrice régionale du NRC a évoqué le « défi permanent » auxquels les organisations humanitaires doivent affronter pour atteindre les personnes nécessiteuses dans les zones touchées par les conflits, en raison de la criminalité croissante, des enlèvements et de l’augmentation de la violence.
Quant à Mme Elvira Pruscini, Directrice régionale- adjointe du PAM, elle a proposé des interventions de résilience pluriannuelles, afin de réduire les besoins humanitaires au fil du temps et d’ouvrir la voie à des solutions durables à la faim et à la malnutrition.
EXPLOITATION SEXUELLE
« Entre juin et août 2022, plus de 18,6 millions de personnes (15 % de la population totale de la région) devraient connaître une insécurité alimentaire sévère, dont 2,1 millions de personnes connaissant des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire », a déclaré M. Mamadou Diop de ACF.
Enfin, M. Modou Diaw, vice-président régional de IRC, s’est, lui, ému du « trop grand » nombre de femmes et de filles qui vivent un déplacement, avec comme corolaire, la violence basée sur le genre, un phénomène quotidien. « Les mariages forcés et les mariages d’enfants, la violence physique et sexuelle, et l’exploitation sexuelle contribuent à ce que des milliers de personnes se sentent piégées et impuissantes », a-t-il fait observer.
IC/COM