Depuis 2005, la section suisse de l’Organisation non gouvernementale Vétérinaires Sans Frontières (VSF-Suisse) mène chaque année une campagne de recherche des fonds nommée intitulée : « Vacciner pour l’Afrique ». Celle de cette année qui a du être reportée pour cause de la pandémie Covid-19, a finalement eu lieu du 30 novembre au 5 décembre. Interview de Mme Frédérique Darmstaedter, responsable des programmes pour l’Afrique de l’Est, sur cette campagne.
VSF-Suisse organise du 30 novembre au 5 décembre prochain, une campagne de vaccination du bétail en Afrique. Quels sont les enjeux de cette campagne ?
« Vacciner pour l’Afrique » est une campagne de recherche de fonds en Suisse. Dans le cadre de la campagne, les cabinets vétérinaires en Suisse vont offrir tout ou une partie des revenus des vaccinations obtenus durant cette semaine à VSF-Suisse. Cette campagne soutient notre travail en Afrique.
Quels sont les résultats attendus de cette campagne ?
Nous espérons que 100 cabinets vétérinaires y participeront. L’objectif financier souhaité est de 50’000 CHF (NDLR : 30,5 millions de francs CFA). Ces fonds contribuent à nos projets de manière significative, soit pour des projets humanitaires à court terme comme la lutte contre l’impact du Covid-19 ou des criquets pèlerins sur les moyens de subsistance des populations, soit pour nos projets à long terme contre la famine et la pauvreté.
Ce n’est pas la première fois que VSF-Suisse mène ce genre de camagne. Que retenir des précédentes ?
C’est la quinzième fois que nous menons cette campagne. Nous sommes très heureux que de nouveaux cabinets s’y joignent chaque année. Ainsi, notre réseau professionnel parmi la communauté vétérinaire ici en Suisse s’agrandit. Nous ne bénéficions pas seulement de leurs dons, mais aussi de leur savoir professionnel et nous leur en sommes très reconnaissants !
Quels sont les pays concernés par cette campagne et pourquoi le choix de ces pays ?
Les recettes de cette campagne vont être utilisées dans nos projets dans tous les pays où VSF-Suisse est actif. Il s’agit actuellement du Mali et du Togo en Afrique de l’Ouest, et du Kenya, de la Somalie, de Djibouti, du Soudan du Sud et de l’Éthiopie en Afrique de l’Est.
Au-delà de cette campagne, que vous inspire la santé animale en Afrique ?
VSF-Suisse s’engage contre la famine et la pauvreté en développant des activités génératrices de revenu liées à l’élevage, en réduisant les pertes dues aux maladies animales et en améliorant la production animale. La malnutrition chronique est un facteur limitant de développement durable. Dans ces conditions, l’animal est synonyme de survie : Il apporte la nourriture et les nutriments sous forme de lait ou de viande et il génère un revenu pour les familles. La santé animale est donc essentielle pour le bien-être des gens.
De manière générale, comment VSF-Suisse voit-elle l’élevage en Afrique ?
La Banque mondiale estime à 500 millions, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté dans le monde et qui dépendent entièrement ou en grande partie de l’élevage pour leur subsistance. VSF-Suisse travaille avec ces personnes pour renforcer leur moyens de subistence grâce à des animaux d’élevage en bonne santé. Les animaux représentent souvent un investissement important dans les sociétés pastorales. Ils produisent des aliments, tels que le lait ou les œufs et fournissent de la viande, de la laine, du cuir et des engrais. Les animaux sont également utilisés comme animaux de trait et jouent un rôle culturel important dans de nombreuses sociétés rurales. L’élevage en Afrique est donc essentiel pour le progrès et le bien-être de régions entières.
Comment lever les contraintes et développer ce sous-secteur clé de l’économie dans beaucoup de pays africains, comme vous l’avez dit, tout à l’heure ?
Une partie importante de notre travail est la création et la professionnalisation des chaînes de valeur des produits d’origine animale, tels que le lait, la viande ou les œufs. Dans les sociétés pastorales en particulier, l’industrie laitière est un pilier important de la sécurité alimentaire et des revenus. Comme il s’agit encore essentiellement d’un secteur économique informel, il y a un besoin de professionnaliser les chaînes de valeur. L’objectif est d’améliorer l’organisation et l’infrastructure et de renforcer les capacités. Les méthodes pour y parvenir sont multiples. Par exemple, une formation est dispensée en matière d’hygiène et de création de valeur pour la pasteurisation et le conditionnement du lait, ainsi qu’en matière d’activités commerciales générales et de marketing. Nous soutenons les communautés dans leurs efforts de former des coopératives, afin de mieux atteindre les objectifs ensemble. Enfin, l’accès au marché doit être garanti, par exemple en simplifiant le transport du site de production au point de vente. Quand, à la fin d’un tel projet, nous avons pu mettre en œuvre ces mesures en collaboration avec la population locale, et quand cela a mené à un changement positif concernant la garantie de leurs moyens de subsistance, nous avons atteint notre objectif !
Propos recueillis par HI