Environnement : Un ressortissant suisse accusé de pillage de la forêt au Sénégal

Un bois de rose abattu. Photo: calypsostore.in

Trial International, une Organisation non gouvernementale (ONG) suisse basée à Genève, a déposé une dénonciation pénale auprès du Ministère public de la Confédération, à l’encontre d’un ressortissant suisse, M. Nicolae Bogdan Buzaianu pour « pillage de ressources naturelles » du Sénégal.

L’ONG a confirmé une information publiée dans ce sens par radio France internationale (RFI). « Nous attendons, pour le moment de savoir, quelles suites entend donner le Procureur à ce dossier », a indiqué à reflets Suisse-Afrique, Mme Jennifer Triscone, conseillère juridique et enquêtrice au sein du programme Procédures et Enquêtes  Internationales de l’organisation. « Nous espérons bien entendu qu’une instruction sera ouverte à l’encontre de M. Buzaianu, et qu’une enquête sérieuse sur sa présumée implication dans le trafic illicite de bois de rose sera menée », a-t-elle ajouté.

Trial International lutte contre l’impunité des crimes internationaux et soutient les victimes dans leur quête de justice. Elle offre une assistance juridique aux victimes, saisit la justice, développe les capacités des acteurs locaux et plaide en faveur des droits humains.

DEFORESTATION

Dans sa plainte, l’ONG accuse M. Buzaianu, d’origine roumaine, d’être impliquée dans « le commerce illégal » de bois précieux entre 2014 et 2017, à travers sa société Westwood Company Ltd, implantée en Gambie. Il l’aurait cofondée avec l’ancien Président gambien Yahya Jammeh et possédait le monopole des exportations en Chine, de bois de rose, une espèce végétale tropicale précieuse pour une valeur globale de près de 163 millions de dollars (154,9 millions CHF).

Les réserves gambiennes de cette essence étant presque épuisées, l’essentiel de ce bois était en réalité importé depuis la Casamance, sud du Sénégal, limitrophe de la Gambie au nord. Depuis plusieurs décennies, de grandes portions de cette région sont aux mains d’un groupe armé, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). «Exploiter des ressources naturelles issues d’une zone de conflit porte un nom: il s’agit de pillage. Et aux yeux du droit international humanitaire, le pillage constitue un crime de guerre», a déclaré Mme Montse Ferrer, Conseillère juridique senior et Coordinatrice responsabilité des entreprises de Trial International.

Selon les estimations des spécialistes, le trafic de bois de Casamance a grandement contribué à la perte de 40’000 hectares de forêt par an. Cette déforestation a entraîné une baisse des précipitations et accentué la désertification de la région.

Il n’ a pas été possible de joindre M. Nicolae Bogdan Buzaianu ou Westwood Company Ltd, pour avoir leur version.

JTL