Diplomatie: La Suisse fière de «l’importance» grandissante de l’Afrique dans le monde, déclare l’Ambassadrice Siri Walt, Cheffe de la Division Afrique au DFAE

Mme l’Ambassadrice Siri Walt, Cheffe de la Division Afrique du DFAE. Photo: DFAE

La Suisse a célébré, avec la communauté internationale, la traditionnelle Journée de l’Afrique, le 25 mai, date de création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), en 1963. A l’occasion de cet évènement annuel, Mme l’Ambassadrice Siri Walt, Cheffe de la Division Afrique du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) fait le point avec nous, sur les relations entre la Suisse et l’Afrique.

Le 25 mai de chaque année est une journée importante pour l’Afrique, surtout sur le plan politique et diplomatique, puisque marquant la date anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue maintenant Union africaine (UA). Quel message pour l’Afrique à cette occasion ? Quelle est la place de cette journée de l’Afrique dans l’agenda diplomatique de la Suisse ?

À travers tout le continent africain, la journée du 25 mai commémore la création en 1963 à Addis-Abeba, de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine. Aujourd’hui, 58 ans après, l’Afrique peut aussi célébrer les progrès significatifs qu’elle a su réaliser. L’UA s’est incontestablement forgée une place dans la communauté mondiale. Elle jouit d’une large reconnaissance en tant qu’instance politique unificatrice et les Etats africains s’y engagent activement. L’Afrique toute entière gagne en importance sur l’échiquier politique et économique mondial, y compris pour la Suisse.

Cette année, comme la dernière, la Journée de l’Afrique a eu lieu dans un contexte de pandémie Covid-19, qui a bouleversé le monde entier, fragilisant les économies avec des conséquences sociales. Quel est l’apport de la Suisse à l’Afrique pour l’aider à faire face à cette situation ?

L’impact du COVID-19 sur le continent africain est profond sur le plan social, économique et politique, comme l’a fait savoir l’Union africaine (UA) depuis le début de la pandémie. Moins de 2 % des doses de vaccin distribuées dans le monde ont été administrées en Afrique, et des centaines de millions de personnes sur le continent risquent d’être laissées pour compte.

A ce jour, la Suisse a engagé plus de 600 millions de francs suisses (CHF :  359,4 milliards de francs CFA) pour répondre à la crise du COVID-19 dans le monde, tous secteurs confondus. La Suisse participe notamment à la facilité COVAX et apporte un soutien financier à son Advanced Market Commitment (AMC) dans le but de garantir l’accès aux vaccins COVID-19 pour les pays à faible et moyen revenu. Parallèlement, nous avons soutenu le système de suivi des rumeurs du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui lutte contre la diffusion de fausses informations sur la pandémie.

Mis à part la pandémie Coiv-19, comment les relations entre la Suisse et l’Afrique ont évolué entre la dernière journée de l’Afrique de l’année dernière et celle de cette année ?

Les relations entre la Suisse et le continent africain ont évolué de manière positive durant cette période. L’année 2020 a vu la négociation d’accords sectoriels en matière de migration, de fiscalité, de développement et d’environnement, ainsi que par des contacts de haut niveau. Le Conseil fédéral in corpore a reçu le Président du Ghana Nana Addo Akufo-Addo pour la première visite d’Etat d’un Chef d’Etat d’Afrique subsaharienne, depuis 1956. Lors du World Economic Forum (de Davos), le conseiller fédéral Ueli Maurer s’est entretenu avec la ministre des finances de l’Angola pour renforcer la coopération en la matière entre les deux pays, ainsi que le conseiller fédéral Guy Parmelin avec son homologue sud-africain. Plusieurs échanges virtuels de haut niveau ont eu lieu en 2020, notamment avec le Kenya et l’Ethiopie. En sus de l’adoption de la Stratégie pour l’Afrique subsaharienne de la Suisse, l’année 2021 a été marquée par les visites officielles du vice-président Ignazio Cassis dans quatre pays africains à savoir l’Algérie, le Mali, le Sénégal et la Gambie et la visite du ministre des affaires étrangères du Burundi à Berne.

La journée de cette année, vous l’avez dit, a la particularité de coïncider avec la mise en place de la stratégie de politique extérieure suisse en Afrique 2021-2024. Quelles sont les raisons de cette stratégie ? 

Il s’agit d’ancrer nos relations basées sur l’aide au développement, l’aide humanitaire et la promotion de la paix et de mettre davantage en avant les nouvelles opportunités en matière de commerce, de digitalisation, de partenariats climatiques et migratoires. C’est pourquoi le Conseil fédéral a décidé de prendre encore d’avantage en considération les atouts de ce continent et d’y développer des relations tournées vers l’avenir et basées sur la connaissance et la confiance réciproques. C’est dans cet esprit de partenariat franc et constructif que nous voulons développer ces liens et bâtir des relations profitables pour tous, pour l’Afrique et pour la Suisse.

Comment les dirigeants africains avec lesquels les autorités suisses ont eu l’occasion de s’entretenir en Suisse, en Afrique ou ailleurs, apprécient cette première de la Suisse ?

La Stratégie pour l’Afrique subsaharienne de la Suisse a reçu des échos très positifs – tant auprès des autorités des pays africains que des médias de ce continent – comme cela a pu se remarquer lors des visites du conseiller fédéral Ignazio Cassis au Mali, au Sénégal et Gambie en février dernier.

Quelles sont les avantages de cette stratégie pour l’Afrique ?

Par l’adoption de cette stratégie, le Conseil fédéral entend accroître la visibilité et le poids de la politique de la Suisse en Afrique subsaharienne, ainsi que renforcer la cohérence de sa politique extérieure. Cette stratégie tient compte des besoins de l’Afrique, mais aussi des intérêts de la Suisse, de même que de nos histoires et nos valeurs communes.

 Concrètement, que vise-t-elle : plus d’affaires que développement ou davantage d’affaires, et davantage d’aide au développement ?

La stratégie n’oppose pas les affaires et le développement. Elle a pour objectif de renforcer les deux dans l’intérêt réciproque du continent africain et de la Suisse. Elle met en évidence, pour la première fois, un groupe de pays, appelé les » lionnes », dont le potentiel économique est reconnu.

Propos recueillis par IC