Elevage : La Suisse soutient l’Afrique de l’ouest pour à une transhumance « apaisée » entre les pays

Des ministres en charge de l’élevage de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Mali, de la Mauritanie, du Liberia, du Sénégal,  et de la Sierra-Leone, et des experts dans ce domaine, ont salué jeudi à Dakar, l’appui de la Suisse pour une transhumance paisible dans leur sous-région.

La Suisse, à travers la DDC (Direction du développement et de la coopération) a mis en place un mécanisme de soutien à la prévention et la gestion des conflits liés à la transhumance transfrontalière.

Selon la DDC, la transhumance est la mobilité des animaux et leurs éleveurs pendant des périodes sèches (décembre-juin en Afrique de l’ouest) à la recherche de pâturages, de points d’eau. Il arrive aussi que cet exode du bétail ait lieu pour fuir des foyers d’épizootie ou pour le commerce d’animaux. Ces déplacements peuvent se dérouler à l’intérieur d’un même pays ou alors d’un pays à un  autre. Ils peuvent provoquer des affrontements entre les bergers accompagnateurs des troupeaux et des agriculteurs, à cause de la divagation du bétail dans les champs, lors de la transhumance. Ces affrontements aboutissent souvent à une effusion de sang (morts ou blessés).

Le mécanisme suisse mis en place est géré par un conseiller régional du développement rural au BUCO (Bureau de coopération de la DDC) à Ouagadougou, au Burkina Faso. Il porte aussi sur l’harmonisation des règlements sur les portes d’entrée et de sortie du bétail, les normes sanitaires, les périodes d’entrée et de sortie du bétail, etc. Ces préoccupations ne peuvent être traitées de manière efficace, en dehors d’un cadre d’intégration régionale.

« SANS TENSION»

Les ministres et experts ouest-africains tenaient dans la capitale sénégalaise, du 19 au 21 novembre, la première édition d’une « concertation de haut niveau pour une transhumance apaisée ». Ils se sont félicités de constater que la campagne de transhumance 2018 (900’000 têtes de bétail recensées) et 2019 (300’000 animaux), a eu lieu « sans grande tension » entre agriculteurs et éleveurs. Ils sont préoccupés du déficit en biomasse et en ressource hydrique, depuis 5 ans consécutifs, dans certaines régions du Sénégal et de la Mauritanie. Ils ont eu pour conséquences, une aggravation du flux de transhumance nationale et transfrontalière. Ils ont aussi relevé qu’à cause des changements climatiques, les périodes de transhumance sont de plus en plus longues.

Pour M. Pascal Rouamba, Conseiller régional du développement rural de la DDC, le fait qu’il n’y ait « ni mort, ni dégâts matériels » durant la campagne de transhumance de ces deux années est « très important ». « Le défi est de maintenir maintenant le cap, et travailler davantage à prévenir les conflits », a-t-il souligné. Il s’est réjoui de voir que la rencontre a été l’occasion de discuter d’une vision globale sur le pastoralisme en Afrique de l’ouest. Car,  comme partout, « la situation évolue, la population s’accroît, les changements climatiques sont là, et les conditions de transhumance ne sont plus les mêmes », a-t-il poursuivi.

IC