Afrique du Nord et Moyen-Orient: Les grands axes et les priorités de la diplomatie suisse

Crédit photo: Béatrice Devènes

Respect mutuel, échanges francs et transparents, et respect des engagements sont les trois piliers de la diplomatie suisse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’Ambassadeur Wolfgang Amadeus Bruelhart, Chef de cette Division au Département fédéral (Ministère) des Affaires étrangères (DFAE) fait le point sur la politique suisse dans cette région. Entretien.

Votre Division couvre une zone aussi vaste que complexe, comportant à la fois des pays africains, des pays arabes, Israël, l’Iran. Comment se présente-t-telle?

La Division Moyen-Orient et Afrique du Nord (DMOAN) est en charge des relations bilatérales de la Suisse avec les États appartenant à cette région du monde : cela va donc du Maroc à l’Iran. On compte 13 Ambassades de Suisse et un Consulat général dans cette région.

La Division assure son travail par le biais de trois coordinations régionales : pour l’Afrique du Nord, pour le Proche Orient et pour les pays du Golfe.  Elle a pour mission principale de défendre les intérêts de la Suisse dans cet espace géographique, en coordonnant les activités de politique extérieure des différents Départements (Ministères) de la Confédération suisse.

Comment votre Division se complète-t-elle avec celle Afrique Sub-saharienne et Francophonie, dans la mesure où  certains pays d’Afrique du Nord font partie de l’Afrique?

Il y a plusieurs structures de coordination intra-départementales qui font que les échanges entre les responsables de région qui sont proches géographiquement et du point de vue de la thématique sont nombreux. Concrètement, les collaborateurs de l’Afrique du Nord sont souvent en contact avec les collègues de la Division Afrique et dans certaines thématiques (migration, sécurité, politique africaine / UA , etc.).  Il existe donc une collaboration étroite entre les deux Divisions.

Qu’est-ce qui explique la séparation entre l’Afrique du Nord et de l’Afrique au Sud du Sahara qui appartiennent toute au même continent?

En ce qui est de notre structure interne, jusqu’à il y a une dizaine d’années, les deux Divisions étaient réunies en une seule. La multiplication et intensification des contacts, ainsi que les nouvelles priorités de la Suisse (notamment vers la région MENA et vers l’Afrique)  ont néanmoins conduit à la création de deux entités séparées ; à ce moment-là il a donc été décidé d’inclure l’Afrique du nord avec le Moyen-Orient, même s’il était clair depuis lors que les affinités de cette région avec l’Afrique subsaharienne resteraient fortes.

Quelles sont les grands axes et les priorités de la diplomatie suisse en Afrique du Nord?

L’Afrique du Nord est une région qui a toujours été très importante pour la Suisse, au cœur de l’espace méditerranéen qui est notre « voisinage sud » direct. C’est une région proche aussi du point de vue historique et culturel, avec laquelle on veut travailler sous forme de partenariat pour, ensemble, affronter les défis et saisir les opportunités : je pense à la promotion du commerce et investissements, la question migratoire, la sécurité, les changements climatiques etc.

La Suisse fonde son engagement actuel dans le « Programme suisse Afrique du Nord 2017-2020 », une stratégie de coopération qui reprend celle de 2012-2016, qui est mise en œuvre par différents Ministères suisse et qui se concentre dans trois domaines : (1) processus démocratique et droits de l’homme; (2) croissance économique inclusive et durable et emploi; (3) protection et migration. 

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, c’est d’abord le conflit Israélo-Palestinien, mais aussi les problèmes de lutte pour la démocratie et le respect des droits de l’Homme, la migration, la pauvreté. Comment arrivez-vous à gérer toutes ces préoccupations dans deux mondes souvent opposés?

Avec beaucoup de motivation ….. et un engagement sur le long terme. Ainsi, le domaine de la promotion de la paix et du dialogue est une priorité de la diplomatie suisse dans la région, que ça soit pour faciliter le dialogue entre des communautés en Libye, pour inclure les opinions de la société civile syrienne dans le processus de l’ONU pour la Syrie ou encore pour promouvoir la coopération technique dans des domaines techniques entre les pays du Golfe.

Quelle est la politique suisse dans ces domaines en Afrique du Nord et au Moyen-Orient?

Mis à part la politique de promotion de paix que j’ai citée plus haut, je citerais aussi notre engagement humanitaire : il est visible tant par l’aide concrète sur le terrain, par exemple en Syrie ou encore au Yémen, qu’avec le rappel des normes fondamentales du Droit International Humanitaire.

Plusieurs projets dans différents domaines accompagnent ensuite notre présence : une activité qui prend de plus en plus d’importance est par exemple la coopération dans le domaine de la migration. Finalement, je citerai le point commun de notre engagement qui est celui de la priorité accordée à la création d’emploi, en particulier pour les jeunes générations.

Propos recueillis par IC